Prescripteurs sur les modes de transport utilisés, les chargeurs sont au cœur des préoccupations des sociétés de transport.
Eurogroup Consulting, en partenariat avec AUTF, publie pour la dixième année consécutive le Baromètre de perception des chargeurs sur le transport ferroviaire et combiné.
Cette étude permet de dresser l’état des lieux du fret ferroviaire et combiné, grâce à l’analyse d’un certain nombre de critères tels que les modes privilégiés par les chargeurs, la lisibilité de l’offre ferroviaire, ou encore le niveau satisfaction et la qualité de service.
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Sans surprise, les choix de modes de transport dépendent encore des secteurs d’activité
Traditionnellement, le ferroviaire conventionnel est préféré dans des industries telles que l’agriculture, les granulats et matériaux de construction. En revanche, le transport combiné est davantage utilisé par la grande consommation ou les produits dangereux et chimie.
L’image à date ne démontre pas une attractivité du conventionnel pour des filières qui n’en sont pas traditionnellement utilisatrices. En cohérence avec les précédentes éditions, le transport routier reste le premier mode de transport utilisé, toutes filières confondues.
Les commissionnaires de transport, présents sur l’ensemble des modes
Pour la première fois, les commissionnaires de transport semblent occuper un rôle significatif pour les chargeurs de tous secteurs dans l’organisation des flux conventionnels et combinés. Pour le mode ferroviaire conventionnel, la majorité (54%) des interrogés déclarent être en contact direct avec des entreprises ferroviaires (-4 points versus 2022), les commissionnaires se positionnant en 2eme point de contact privilégié (39%). Concernant le combiné Rail/route, on note que 43% des répondants sont en contact avec les commissionnaires, dont plus d’1/3 issus de la grande consommation.
La compréhension et la lisibilité du système ferroviaire est bonne pour la majorité des répondants
En matière de compréhension et de lisibilité du système ferroviaire, les résultats restent encourageants. Les entreprises interrogées sont en effet 59 % (-3 points) à juger l’organisation du fret ferroviaire compréhensible et lisible (dont 11% tout à fait), confirmant ainsi la tendance positive enregistrée ces dernières années.
Un niveau général de satisfaction qui s’améliore mais reste encore très insuffisant
Quel que soit le mode, seulement un tiers du panel juge que l’offre permet de répondre à ses besoins. Un point positif est toutefois à souligner : le panel de cette année signale un niveau d’adéquation offre/besoin pour le combiné est en nette hausse par rapport à 2022 (32% des chargeurs du panel estiment qu’elle est adaptée, contre 12% l’année précédente).
Le transport ferroviaire conventionnel connait cette année des niveaux de satisfaction mitigés, même si en hausse par rapport à l’année dernière (36% de satisfaits contre 17% l’année dernière). La moitié du panel (59%) considère sa satisfaction en légère baisse (principalement produits dangereux et chimie, et granulats et matériaux de construction). A noter que 11% des répondants se disent « pas satisfaits du tout », en hausse de 10 points par rapport à l’année dernière.
Le transport combiné rail/route obtient des scores de satisfaction mitigés cette année également, avec 32% de répondants satisfaits (-11 points).
Quelles perspectives pour le fret ferroviaire ?
L’attente la plus forte des chargeurs en matière d’innovation concerne les possibilités de mutualisation. En effet, seulement 27% du panel déclarent que ces possibilités leur ont été proposées, alors qu’ils sont 48% à attendre des alternatives sur ce plan. Fait notoire, l’innovation environnementale est citée par 45% des chargeurs du panel, soit plus du double que l’an passé (22%).
A l’avenir, les chargeurs seront particulièrement sensibles aux innovations qui faciliteront la mise à disposition d’’informations et la réduction de l’impact environnemental. Les motorisations à énergies décarbonées sont les services les plus attendus par les chargeurs.
Les grèves, ainsi que le contexte énergétique ont impacté la majeure partie des chargeurs, peu habitués à une évolution du prix de l’électricité. Plus d’un tiers de la grande consommation (32%) et environ deux tiers des granulats et matériaux de construction (62%) ont signalé un impact fort. Une majorité a été amenée à rebasculer vers la route de façon ponctuelle, mais un tiers du panel a fait des choix de report modal inversé de manière pérenne. En revanche, les nouveaux projets ne sont pas forcément remis en cause par le contexte énergétique.
Contrairement à l’édition précédente où le transport combiné rail/route occupait la première place du classement des modes de transport appelés à connaître un fort développement, il n’arrive cette année qu’en 5eme position, après le fluvial, le short sea, fleuve/route et le routier. Globalement, les transports impliquant le ferroviaire sont perçus comme ayant un moins fort potentiel de développement. Si le fluvial est notoirement sous-utilisé et laisse entrevoir de réelles possibilités de développement, d’autres facteurs comme les mouvements sociaux ou les inquiétudes sur l’avenir du paysage ferroviaire après la refonte des activités de FRET SNCF peuvent sans doute également expliquer ces résultats.
Nos experts
Hind Laghmam
Associé
Anne-Laure Noat
Associé